William Herschel (né Friedrich Wilhelm Herschel) est un astronome germano-britannique d'origine allemande, né le à Hanovre et mort le à Slough[2]. Il est aussi compositeur de musique.
Ne doit pas être confondu avec William James Herschel.
Royal Society () Académie américaine des arts et des sciences () Académie des sciences () Académie des sciences de Saint-Pétersbourg () Académie des sciences de Turin () Académie royale des sciences de Prusse Académie royale des sciences de Suède Académie des sciences utiles (d) Académie Léopoldine Académie nationale des sciences
Herschel passe son enfance à Hanovre, une ville du nord-ouest de l'Allemagne; l'électorat de Hanovre est alors en union personnelle avec la Grande-Bretagne sous le roi George II. Il reçoit une éducation musicale de son père, violoniste et hautboïste. Garde de régiment, et hautboïste militaire[3], il est appelé avec son frère aîné en Grande-Bretagne en 1756 afin de parer l'invasion française (guerre de Sept Ans). Ils participent à la bataille de Hastenbeck. Horrifié par les tueries auxquelles il vient d'assister, il déserte l'armée et s'installe définitivement en Angleterre[4].
Une vie de musicien
Il gagne d'abord sa vie comme copiste musical à Londres, ensuite en tant que professeur de musique, puis comme directeur de la milice de Durham. En 1758, il obtient la direction des concerts d'Édimbourg avant de devenir organiste à Halifax en 1766 et enfin comme organiste à la Chapelle Octogonale de Bath, la célèbre station thermale, l'année suivante. Il demeure au centre de la vie musicale de la ville pendant dix ans, tout en s'intéressant de plus en plus à l'astronomie[5],[6].
L'astronome
Découverte d'Uranus
Astronome amateur[7],[8], il a le projet de déterminer la forme et les dimensions de l'Univers. Trop pauvre pour s'acheter un instrument astronomique, il construit, après plusieurs essais infructueux, plusieurs grands miroirs concaves en bronze. Cela lui permet de réaliser en 1776 un télescope de sept pieds de distance focale (231 cm) et de 6,2 pouces de diamètre (17 cm); l'instrument, qui grossit 227 fois, est achevé en 1778 et placé dans le jardin de sa maison du 19 New King Street à Bath, dans le Somerset en Angleterre[9].
Dans la nuit du , il découvre au cours d'une tentative de détermination de parallaxe stellaire, la planète Uranus, croyant d'abord avoir affaire à une comète ou à un disque stellaire. C'était la première planète découverte depuis l'Antiquité. Après d'autres observations de Herschel, Anders Lexell calcule l'orbite et est d'avis qu'il s'agit probablement d'une planète[10]. Cet objet céleste avait déjà été observé (par John Flamsteed, James Bradley, Tobias Mayer[11] et Pierre Charles Le Monnier, généralement sous le nom de 34 Tauri[12],[13]) et avait été pris pour une étoile, mais Herschel se range à l'avis de Lexell et, en l'honneur de George III, appelle la nouvelle planète «Georgium sidus» (l'«Astre georgien»). En nommant leur découverte ainsi, William et a sœur Caroline s'assignaient les titres de "King's Astronomer" et "Assistant to the King's Astronomer", ce qui leur incluait à chacun une pension à vie. Mais le nom du roi anglais ne passe pas en France (on y parle plutôt de la «planète Herschel»); puis on finit par se mettre d'accord sur «Uranus». William est devenu célèbre presque du jour au lendemain.
Observations avec Caroline
Aidé de sa sœur Caroline, qui l'a rejoint à Bath en 1772 après la mort de leur père, il devient, grâce aux lunettes et aux télescopes qu'il construit lui-même, un observateur renommé. Caroline va être sa fidèle assistante pendant une grande partie de sa carrière. Le roi George III, passionné d'astronomie, lui offre son soutien, notamment en en le nommant astronome du roi[14] et lui allouant, afin qu'il puisse se consacrer entièrement à ses recherches scientifiques et astronomiques, un traitement annuel de 200 livres — salaire bien modeste pour l'époque; Caroline reçoit pour sa part 50 livres, devenant la première femme rétribuée pour du travail scientifique[15].
En , il détecte le mouvement du Soleil vers un point de la constellation d'Hercule qu'il nomme l'apex[16]. En , il attribue à la météorologie certains changements observés à la surface de Mars et suppose, le premier, que cette planète a une atmosphère[17].
Entre 1785 et 1789, le frère et la sœur construisent le célèbre télescope de 40 pieds; il ne sera toutefois pas à la hauteur des espérances[18],[19].
En , il découvre deux satellites d'Uranus, Obéron et Titania, le 11 janvier[20],[21] et monte son télescope de 6 m de focale (20 pieds). En , il découvre les calottes polaires de Mars et les satellites Mimas et Encelade de Saturne[22].
Des volcans sur la Lune?
Pendant la nuit du , Herschel observe un phénomène lunaire transitoire: il remarque trois taches rougeoyantes sur la partie non éclairée de la Lune[23]. Il informe le roi et quelques astronomes de ses observations. Herschel attribue le phénomène à des éruptions de volcans et perçoit la luminosité du point le plus brillant comme supérieure à celle d'une comète découverte le 10 avril. Ses observations coïncident avec la survenue d'une aurore boréale au-dessus de la ville italienne de Padoue[24]. L'activité d'une aurore boréale aussi au sud du cercle Arctique est très rare. Le spectacle de Padoue et l'observation de Herschel se produisent peu avant que le nombre de taches solaires n'atteigne un pic en mai 1787.
Travaux de la maturité
En , il propose un modèle d'univers lenticulaire[16] (il semble avoir eu l'intuition de nébuleuses extragalactiques[25]) grâce à un dénombrement des étoiles dans le ciel. Ce modèle est une approximation grossière du modèle contemporain de la Voie lactée. Herschel fait alors un travail de cosmologiste; le mot de «cosmologie» n'est toutefois pas de lui[26] (il parle de la «construction des cieux»).
En 1789, il construit un télescope de 12 m de long et de 1,22 m d'ouverture[27].
C'est lui qui, en , découvre les «rayons calorifiques»[28], que nous appelons aujourd'hui rayonnement infrarouge.
En , il montre qu'il y a des étoiles binaires. Il en publie plusieurs catalogues (, ). Ses catalogues de nébuleuses sont de , et .
Famille
Plusieurs membres de la famille de William Herschel se sont aussi illustrés dans les sciences:
John Louis Emil Dreyer (dir.), The scientific papers of Sir William Herschel, The Royal Society and The Royal Astronomical Society, 1912 (avec des inédits): vol.1, 781p.; vol.2, 758p.
Instruments
Télescope de sept pieds. Reconstruction d'un télescope semblable à celui qui servit à la découverte d'Uranus. Musée d'astronomie Herschel, Bath.
Télescope de 20 pieds (6 m). 1787.
Télescope de 40 pieds (12 m) de focale et de 48 pouces (122 cm) d'ouverture. 1789[18],[30]
Télescope construit pour l'observatoire royal de Madrid(es) entre 1796 et 1802 (reconstruction).
Télescope ayant appartenu à Caroline Herschel.
Herschel découvre très tôt que ses miroirs, qui sont faits de cuivre et d'étain, ont besoin d'un polissage soigné et continu juste après leur production. D'où des séances de polissage de seize heures ou plus, durant lesquelles c'est Caroline qui nourrit William.
Musique
La musique de Herschel a été redécouverte une première fois dans les années 90 et une seconde fois avec bonheur en 2003 par les London Mozart Players dans un disque consacré aux symphonies. Les quarantaines d'œuvres «galantes» de Herschel ont été composées entre 1759 et 1770: 24 symphonies, une douzaine de concertos (violon, alto, hautbois, orgue), des sonates pour clavecin et de la musique religieuse. Un CD d’œuvres de Herschel interprétées à l'orgue par Dominique Proust a été publié en 1992.
Discographie
London Mozart Players, Symphonies, Chandos [UPC:095115104828]
Symphonies 2, 12 et 14, dirigées par Matthias Bamert.
Dominique Proust[31], Pièces d'orgue de William Herschel, Imports, 2007 [UPC:3254872014185]
Richard Woodhams et The Mozart Orchestra, «Concerto pour hautbois en do et Symphonie no4 en mi bémol», dans Davis Jerome (dir.), Sir William Herschel — Music by the father of astronomy, Newport Classics, 1995
The oboe concertos of Sir William Herschel, coll.«Memoirs of the American Philosophical Society», vol.225, 1998 178p.(ISBN0871692252 et 9780871692252)— Comprend des partitions manuscrites.
Joseph Fourier, Éloge historique de William Herschel, dans Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, lu le , Gauthier-Villars, Paris, 1823, tome 6, p.LXI-LXXXI(lire en ligne).
Leila Belkora, «Herschel, William (1738–1822)», dans Minding the heavens: the story of our discovery of the Milky Way, Bristol et Philadelphie, Institute of Physics Publishing, (ISBN978-0-7503-0730-7), p.74
La Royal Society lui décerne la médaille Copley en ; c'est l'année même où il est élu fellow[3].
En , il devient le premier président de la Royal Astronomical Society.
Le cratère martien Herschel(en) (14,9°S 230,3°O, 304 km de diamètre) a été nommé en son honneur et en celui de son fils John.
L'étoile Mu Cephei est aussi appelée l'étoile Grenat de Herschel; il a le premier remarqué sa couleur[32].
La médaille Herschel est décernée tous les 3 ans depuis par la Royal Astronomical Society.
Une fenêtre le commémorant est inaugurée en 2001 dans l'église St. Laurence d'Upton, où il est enterré[3].
L'Agence spatiale européenne a nommé Herschel un satellite d'observation astronomique en infrarouge et submillimétrique[33],[34] lancé en 2009 par une fusée Ariane V depuis la Guyane.
On appelle «télescope herschellien» un télescope où on incline le miroir primaire afin d'observer l'image directement dans une «cage d'observation» située en avant.
«An account of the discovery of two satellites revolving round the Georgian Planet», dans Phil. Trans., 1787 77:125–129 DOI10.1098/rstl.1787.0016.
Mark Bratton, The complete guide to the Herschel objects, Cambridge University Press, , p.96.
«Account of the discovery of a sixth and seventh satellite of the planet Saturn; with remarks on the construction of its ring, its atmosphere, its rotation on an axis, and its spheroidical figure», dans Phil. Trans., , 80, p.1–20 DOI10.1098/rstl.1790.0001.
W. Herschel, «Herschel’s «Lunar volcanos»» (Les volcans lunaires de Herschel), dans Sky and Telescope, mai 1956, p.302–304. (Réimpression de An account of three volcanos in the Moon DOI10.1017/CBO9781139649643.023, rapport de Herschel à la Royal Society le 26 avril 1787, réimprimés à partir de la collecte de ses travaux (1912)).
Zdenek Kopal, «Lunar flares», dans Astronomical Society of the Pacific Leaflets, 9, décembre 1966, 401–408.
Cela ne deviendra certain qu'avec les travaux d'Edwin Hubble en 1924.
Il est de Christian Wolff et remonte à 1731.
Richard Taillet, Pascal Febvre et Loïc Villain, Dictionnaire de physique, De Boeck Supérieur, , p.533.
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