(101955) Bénou (désignation internationale: 101955 Bennu), désigné auparavant sous sa dénomination provisoire 1999 RQ36, est un astéroïde découvert en 1999 ayant un diamètre d'environ 500 mètres et décrivant une orbite de 1,2 an autour du Soleil[3]. Il s'agit d'un astéroïde géocroiseur Apollon, c'est-à-dire coupant l'orbite de la Terre.
Pour l'oiseau éponyme de la mythologie égyptienne, voir Bénou.
(101955) Bénou (101955) Bennu
Photographies de (101955) Bénou prises par la sonde OSIRIS-REx à une distance de 80 km.
Caractéristiques orbitalesÉpoque (JJ 2456200,5)Établi sur 507 observ. couvrant 4 880 jours (U = 0)
La sonde spatiale OSIRIS-REx de la NASA, lancée en , a atteint Bénou le vers 17hTU[4], afin de rapporter en 2023 un échantillon de 60 grammes de sol aux fins d'analyse[5],[6]. D'après ce qu'on sait le , elle a pu récolter des échantillons le lors de sa première manœuvre[7].
Cet astéroïde ne doit pas être confondu avec Bénou, qui désigne également la planète Vénus chez les Égyptiens de l'Antiquité[8], l'astre qui fait traverser l'oiseau Bénou.
Nom
Jusqu'au , l'astéroïde était connu sous la dénomination provisoire (101955) 1999 RQ36. Parmi les propositions de plus de 8 000 participants, le nom de Bénou est le gagnant du concours universitaire international Name that Asteroid! organisé en partenariat par l'université de l'Arizona, la Planetary Society et le programme de relevé astronomique LINEAR du laboratoire Lincoln du MIT.
Les concurrents devaient soumettre un nom avec une courte explication de leur choix. Les noms devaient se conformer aux directives de nommage du Centre des planètes mineures. Une commission d'examen a été réunie par les partenaires du concours afin de sélectionner le nom gagnant et l'envoyer au Comité de nomenclature des petits corps de l'Union astronomique internationale (UAI) (en anglais International Astronomical Union (IAU) Committee for Small Body Nomenclature), qui approuve officiellement le nom[9].
Le nom Bennu (la graphie anglaise de Bénou) avait été proposé par Michael «Mike» Puzio, un élève de 3rdgrade de Caroline du Nord (États-Unis), âgé de 9 ans. Ce nom vient de celui de l'oiseau éponyme de la mythologie égyptienne. Il avait choisi ce nom à cause de la ressemblance, selon lui, du bras et des panneaux solaires du système de prélèvement TAGSAM de la sonde OSIRIS-REx avec le cou et les ailes de Bénou sur des dessins, les Égyptiens représentant généralement Bénou sous la forme d'un héron gris[10],[11].
Caractéristiques physiques
Série d'images radar de l'observatoire de Goldstone montrant la rotation de Bénou.Images de l'hémisphère nord de Bénou, prises par OSIRIS-REx à une altitude d'environ 1,8 km.
Bénou est grossièrement sphérique, mais ressemble plutôt à une toupie voire à un diamant[12]. Son axe de rotation est orienté de 178degrés par rapport à son orbite; le sens de rotation sur cet axe est rétrograde par rapport à l'orbite.
Un bourrelet est bien visible le long de l'équateur de Bénou. L'existence de ce bourrelet suggère que du régolithe très fin s'est accumulé là sous l'effet de la rotation relativement rapide, et a pu s'écouler vers l'équateur du fait de la gravité très faible. De plus, la rotation de Bénou est en accélération, faible mais constante. Ceci est dû à l’effet YORP: du fait des irrégularités de l'émission thermique de sa surface, Bénou accélère constamment, réduisant sa période de rotation d'une seconde tous les 100 ans.
Des observations de Bénou effectuées en 2007 par le télescope spatial Spitzer ont permis de mesurer un diamètre de 484 ± 10 m, observation cohérente avec toutes les autres observations effectuées depuis. Son albédo, relativement faible, est de 0,046 ± 0,005. La mesure de l'inertie thermique a montré qu'elle variait de 19% au cours de chaque rotation. Il semble que la granularité du régolithe soit assez modérée, de quelques millimètres à un centimètre. Il n'a pas été détecté de queue de poussières autour de Bénou, ce qui limite la présence de cette poussière dans un rayon de 4 750 km à 103kg[13].
Caractéristiques géologiques
Article détaillé: Liste des formations géologiques de (101955) Bénou.
Au , une regio (région) et 23 saxa (rochers) ont reçu un nom officiel[14]. Le thème utilisé pour ces dénominations est celui des oiseaux mythologiques[15].
En 2020, une étude de la taille et de la profondeur des cratères d'impact à la surface des rochers métriques de Bénou conclut que cet astéroïde a quitté la ceinture principale et rejoint les environs de la Terre il y a 1,75 ± 0,75 million d'années[16].
Exploration
Article détaillé: OSIRIS-REx.
Surface de Bénou couverte de régolithe vue par la sonde OSIRIS-REx.
Le , la NASA lance une mission de sept ans pour récupérer sur cet astéroïde des échantillons de roches et de poussières afin d'aider les scientifiques à mieux comprendre les origines des planètes du système solaire car Bénou se serait formé il y a 4,5 milliards d'années, c'est-à-dire en même temps que la Terre et les autres planètes[17]. Certains, comme Dante Lauretta[18], espèrent aussi y trouver des indices sur l'origine de la vie: outre de l'eau gelée, des molécules organiques comme des acides aminés considérés comme les précurseurs de la vie pourraient y être trouvés et étudiés[17]. Pour cela, OSIRIS-REx est doté d'un bras de 3,35 mètres de long capable de souffler un jet d'azote devant libérer quelques échantillons de roches en surface de l'astéroïde[17]. L'engin dispose aussi d'un système d'aspiration capable de récolter et stocker au moins 60 grammes de matière (soit 60 fois plus que le vaisseau spatial japonais Hayabusa 2, qui prélève des échantillons sur l'astéroïde (162173) Ryugu)[17].
Dans la deuxième moitié du mois d', la sonde OSIRIS-REx se rapproche à 320 km de Bénou, en prenant une série de photos, grâce à sa caméra PolyCam[19]. En , l'instrument MapCam génère, en utilisant des filtres couleur, des cartes multidimensionnelles, et permet ainsi d'étudier la répartition géographique des différents matériaux[20]. La suite de la mission se déroule ensuite jusqu'en 2021.
Le retour sur Terre ne doit pas se faire avant 2023[17].
Le , la NASA indique qu’OSIRIS-REx a découvert de l'eau sur Bénou, confirmant en partie les prévisions ci-dessus[21].
Fin les principaux résultats, la plupart surprenants, sont[22]:
l'éjection épisodique de particules (11 événements entre le et le )[23], ce qui ajoute Bénou à la douzaine d'astéroïdes actifs connus à ce jour (sur plus de 800 000);
Éjections de matière
Éjection de particules (visibles à gauche) le .
Vidéo montrant les trajectoires des particules éjectées le .
Éjection de particules (visibles à droite) le .
une surface particulièrement irrégulière, avec plus de 200 blocs de plus de dix mètres de diamètre, alors qu'on s'attendait à un sol constitué de particules centimétriques;
comme prévu la forme d'une toupie (avec un renflement équatorial dû à la grande vitesse de rotation), mais une densité étonnamment faible, celle d'un amas de débris seulement liés par la faible gravité, avec près de 60% de vide;
une abondance de minéraux hydratés (des phyllosilicates) et de magnétite, comme les rares météorites CM (mais avec des propriétés physiques différentes);
une rotation en train d'accélérer, sans doute à cause de l'effet YORP, une interaction avec le rayonnement solaire;
une surface relativement vieille (entre 0,1 et 1,0 Ga), mais en perpétuelle réorganisation.
Exploitation minière
Alors que le lancement se prépare (), quelques entreprises dont Deep Space Industries[17] à Mountain View en Californie suivent l’événement avec attention; elles envisagent la possibilité (controversée) de se lancer dans la recherche et l'exploitation de métaux et minéraux rares dans l'espace, voire de collecter des carburants pour les missions spatiales de longue durée[17]. Pour elles, si la NASA réussit à ramener sur Terre des échantillons de cet astéroïde, cette mission pourrait servir de preuve de concept et être suivie de tentatives d'exploitation commerciale (et éventuellement scientifique) d'astéroïdes, à condition de lever ou contourner un obstacle juridique international; le traité de 1967 des Nations unies qui déclare l'espace (ce qui inclut la Lune et les autres corps célestes) comme ne pouvant faire l'objet de revendications de souveraineté[17].
Risque d'impact terrestre
L'astéroïde se rapproche à moins de 300 000 kilomètres de la Terre tous les six ans. De ce fait il est classé sur la liste des objets potentiellement dangereux par la NASA[24]. Un impact avec la Terre semble possible à la fin du vingt-deuxième siècle[25]. Selon les données disponibles, il y a une probabilité cumulée d'un sur 2 700
que Bénou percute notre planète entre 2175 et 2199[26]. Mais vu sa très faible densité et les vides qui doivent le composer, en cas d'impact avec la Terre la majorité sinon la totalité de sa masse se désintégrerait avant de toucher le sol[réf.nécessaire].
Références
(en) M. C. Nolan, Magri, C., Benner, L. A. M., Giorgini, J. D., Hergenrother, C. W., Howell, E. S., Hudson, R. S., Lauretta, D. S. et Margot, J. -L., «The Shape of OSIRIS-REx Mission Target 1999 RQ36 from Radar and Lightcurve Data», Asteroid Comet Meteors 2012 Conference, vol.1667, , p.6345 (Bibcode2012LPICo1667.6345N).
J. P. Emery, Fernández, Y. R., Kelley, M. S. et Hergenrother, C., «Thermophysical Characterization of Potential Spacecraft Target (101955) 1999 RQ36», 41st Lunar and Planetary Science Conference, vol.1533, , p.2282 (Bibcode2010LPI....41.2282E).
(en) Tapan Sabuwala, Pinaki Chakraborty et Troy Shinbrot, «Bennu and Ryugu: diamonds in the sky», Granular Matter, vol.23, , article no81 (DOI10.1007/s10035-021-01152-z).
(en) J. Emery, Y. Fernandez, M. Kelley, K. Warden, C. Hergenrother, D. Lauretta, M. Drake, H. Campins et J. Ziffer, «Thermal infrared observations and thermophysical characterization of the OSIRIS-REx target asteroid (101955) Bennu», Conference Proceedings Asteroids, Comets, Meteors 2014, , p.148 (Bibcode2014acm..conf..148E).
(en)Caractéristiques géologiques de Bénou, sur le Gazetteer of Planetary Nomenclature, International Astronomical Union (IAU) Working Group for Planetary System Nomenclature (WGPSN), sur le site de l'USGS. (consulté le ).
(en) R.-L. Ballouz, K. J. Walsh, O. S. Barnouin, D. N. DellaGiustina, M. Al Asad et al., «Bennu’s near-Earth lifetime of 1.75 million years inferred from craters on its boulders», Nature, vol.587, , p.205-209 (DOI10.1038/s41586-020-2846-z).
(en) Kimberly M. S. Cartier, «All About Bennu: A Rubble Pile with a Lot of Surprises», Eos, (lire en ligne, consulté le ).
(en) D. S. Lauretta et al., «Episodes of particle ejection from the surface of the active asteroid (101955) Bennu», Science, vol.366, (lire en ligne).
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